Terrasse de piscine en bois sans margelle : quels risques ?

La terrasse en bois autour d’une piscine est un choix à la fois esthétique, naturel et chaleureux. Elle permet de créer un espace agréable au bord de l’eau, tout en s’intégrant harmonieusement au jardin. Mais lorsque cette terrasse est construite sans margelle, c’est-à-dire sans bordure de protection entre la piscine et le platelage, des risques spécifiques apparaissent. Cette configuration séduit pour son aspect épuré, mais elle soulève aussi plusieurs questions techniques, de sécurité et de durabilité. Quels sont les véritables dangers d’une terrasse en bois sans margelle ? À quoi faut-il être vigilant avant de se lancer ?
Qu’est-ce qu’une margelle, et pourquoi est-elle généralement utilisée ?
La margelle est l’élément périphérique qui borde le bassin d’une piscine. En général en pierre, béton ou carrelage, elle sert de zone de transition entre la piscine et le reste de l’aménagement extérieur. Elle remplit plusieurs fonctions essentielles : protection du bassin, sécurité pour les baigneurs, et finition esthétique.
Traditionnellement, la margelle déborde légèrement du bassin. Elle empêche l’eau de ruisseler directement sous la terrasse, protège les bords contre l’usure ou les impacts, et offre une prise plus stable pour entrer ou sortir de l’eau. Sans margelle, le bois se retrouve directement au contact du bassin, ce qui n’est pas sans conséquence.
Une exposition accrue à l’humidité
Le premier risque majeur d’une terrasse en bois sans margelle est l’humidité permanente. En l’absence de rebord protecteur, l’eau éclabousse directement le platelage, voire ruisselle sous les lames. Cela entraîne une surcharge d’humidité localisée, qui favorise la prolifération des champignons, moisissures et algues.
Même les essences naturellement résistantes (ipé, cumaru, robinier…) ou les bois traités autoclave peuvent souffrir d’une exposition constante à l’eau. À long terme, cela peut provoquer un noircissement du bois, des déformations, un gonflement ou des éclatements au niveau des fixations. Sans un bon drainage, la structure sous-jacente elle-même peut pourrir prématurément.
Une sécurité diminuée pour les utilisateurs
Installer une terrasse directement au bord du bassin sans margelle modifie la perception de la limite entre eau et sol. Pour un adulte attentif, cela peut sembler secondaire. Mais pour des enfants, ou des personnes âgées, cela augmente le risque de chute. La margelle agit comme une bordure visuelle et physique ; sans elle, l’utilisateur peut glisser ou se déséquilibrer au bord de l’eau.
Le bois mouillé devient par ailleurs glissant, surtout s’il n’est pas rainuré ou si un film d’algues se développe avec le temps. Sans traitement antidérapant ou entretien régulier, une terrasse humide peut vite devenir dangereuse. Et en cas de chute, l’absence de dénivelé entre l’eau et le sol peut entraîner des blessures plus graves.
Des problèmes d’entretien récurrents
Une terrasse sans margelle demande plus de vigilance au quotidien. Sans rebord, les feuilles, poussières ou brindilles tombent directement dans l’eau. Le vent pousse les débris du bois dans le bassin, ce qui sollicite davantage le système de filtration. Il faut donc nettoyer la plage et la piscine plus fréquemment, au risque d’abîmer les équipements ou de déséquilibrer l’eau.
Le bois en contact permanent avec l’humidité et le chlore peut également décolorer ou s’altérer plus vite. Il peut nécessiter des traitements plus réguliers (huiles, saturateurs) ou un nettoyage haute pression plus fréquent, ce qui réduit la durée de vie de l’ensemble.
Un risque structurel à moyen terme
L’absence de margelle, c’est aussi l’absence de joint de dilatation ou de rupture entre la piscine et la terrasse. Or, chaque matériau réagit différemment aux variations de température et d’humidité. Le bois gonfle, se contracte, bouge. Une structure maçonnée, elle, est plus rigide.
En cas de mauvais ancrage, de mouvement de terrain ou de gel, le bois peut venir appuyer sur les parois du bassin, ou au contraire s’en éloigner, créant des interstices dangereux. La structure elle-même (lambourdes, plots, visserie) peut se détériorer si elle n’a pas été pensée pour une humidité extrême.
Dans certains cas, des réparations complexes peuvent être nécessaires, voire une dépose partielle de la terrasse si elle devient instable.
Une étanchéité plus difficile à maîtriser
Les margelles participent à la protection de l’arase de la piscine (le haut des parois). Sans elles, l’eau peut s’infiltrer plus facilement entre la terrasse et la coque, surtout s’il y a un petit espace. Cela peut entraîner des infiltrations sous la terrasse, voire autour du bassin, avec un risque de stagnation d’eau, de développement de bactéries, ou de dégradation des matériaux en sous-face.
Cette configuration demande donc une étanchéité parfaitement maîtrisée, avec des solutions techniques adaptées : membrane, bande d’arase, profilés spéciaux… Ce surcoût peut compenser l’économie faite en supprimant les margelles.
Dans quels cas peut-on se passer de margelle ?
Il existe cependant des configurations où l’absence de margelle est possible, voire recherchée. Par exemple :
- Dans le cas d’une piscine miroir ou à débordement,
- Sur des piscines en bois hors-sol ou semi-enterrées,
- Sur des bassins naturels ou des projets esthétiques très minimalistes,
- Si la terrasse est amovible ou avec des modules coulissants.
Mais dans tous les cas, cela nécessite une conception parfaitement maîtrisée, avec des matériaux de qualité, une pente d’écoulement bien pensée, et une mise en œuvre rigoureuse. L’absence de margelle ne doit pas être un choix purement esthétique : c’est une décision technique qui doit être anticipée.
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