Comment augmenter le TAC sans augmenter le pH ?

L’équilibre de l’eau de piscine repose sur plusieurs paramètres interdépendants. Quand l’un d’eux varie, les autres peuvent en être affectés, ce qui complique l’entretien global du bassin. C’est souvent le cas du TAC, dont la correction peut involontairement faire grimper le pH. Cette situation, fréquente en eau douce ou instable, peut nuire à la qualité de baignade et à l’efficacité des produits de traitement. Alors, comment remonter le TAC tout en gardant un pH stable ?

Comprendre la relation entre TAC et pH

Le TAC mesure la quantité de bicarbonates, carbonates et hydroxydes présents dans l’eau. C’est ce qu’on appelle aussi l’alcalinité. Il agit comme un tampon qui limite les variations de pH. En d’autres termes, une eau dont le TAC est équilibré sera plus stable, même si des produits ou des éléments extérieurs sont introduits (pluie, baignades, produits désinfectants, etc.).

Le pH, lui, mesure le taux d’acidité ou de basicité de l’eau. Une eau neutre a un pH de 7. En dessous, elle est acide ; au-dessus, elle est basique. Le pH influe directement sur le confort de baignade, l’efficacité du chlore et la longévité des équipements.

Le souci, c’est que les correcteurs classiques de TAC (comme le bicarbonate de sodium) augmentent aussi légèrement le pH. Ce double effet peut poser problème si vous souhaitez corriger uniquement l’alcalinité sans toucher à l’équilibre acide-basique.

Utiliser le bon produit : le bicarbonate de soude, avec précaution

Le bicarbonate de sodium, aussi appelé bicarbonate de soude, est le produit le plus courant pour augmenter le TAC. Il est efficace, peu coûteux et facile à trouver. Mais comme il contient un sel basique, il a tendance à élever aussi légèrement le pH.

La clé pour limiter cette montée du pH est de doser progressivement, par petites quantités. On recommande souvent d’ajouter 150 à 200 g de bicarbonate pour 10 m³ d’eau pour remonter le TAC de 10 ppm. En fractionnant les apports (tous les deux ou trois jours), vous laissez à l’eau le temps d’absorber l’alcalinité sans que le pH ne s’envole. Il est également préférable de bien dissoudre le produit dans un seau avant de le verser dans le bassin, pour une répartition homogène.

Cette méthode fonctionne dans la majorité des cas, surtout si votre pH est légèrement bas (autour de 7). Si le pH est déjà élevé, il faudra envisager d’autres ajustements pour maîtriser les deux paramètres séparément.

Privilégier l’aération pour stabiliser le pH

Une autre solution souvent négligée consiste à augmenter le TAC avec du bicarbonate, tout en utilisant une technique physique pour stabiliser ou faire baisser le pH : l’aération. En effet, lorsque vous favorisez les échanges gazeux (via des jets, une cascade ou simplement en agitant l’eau), le dioxyde de carbone dissous dans l’eau s’échappe. Or, ce CO₂ dissous est un acide faible. Lorsqu’il est éliminé, le pH a tendance à se stabiliser voire légèrement redescendre.

Cela peut sembler contre-intuitif, mais en combinant ajouts progressifs de bicarbonate et aération active, on peut remonter le TAC tout en gardant le pH stable. Cette méthode est particulièrement utile dans les eaux douces où l’alcalinité est naturellement faible et les variations de pH fréquentes.

Surveiller régulièrement les valeurs et ajuster en douceur

L’un des secrets d’une eau bien équilibrée est la patience. Il est inutile de vouloir corriger le TAC en une seule fois. En surveillant régulièrement vos paramètres (TAC, pH, TH), vous pouvez anticiper les dérives et intervenir de façon douce et maîtrisée. Un TAC compris entre 80 et 120 ppm est généralement recommandé pour une piscine privée.

Si votre pH a tendance à grimper malgré tout, vous pouvez corriger localement avec un produit pH- à base d’acide sulfurique ou bisulfate de sodium, en très faible quantité. Là encore, il faut éviter les chocs brutaux qui déséquilibreraient tout l’écosystème du bassin.