Interdiction de la peinture glycéro : ce qu’il faut savoir

Depuis plusieurs années, la réglementation encadrant les produits de construction et de rénovation a considérablement évolué, notamment pour des raisons environnementales et sanitaires. Parmi les produits visés, la peinture glycérophtalique est l’un des plus concernés. Utilisée pendant des décennies pour sa résistance et sa finition brillante, elle est désormais dans le collimateur des autorités en raison de sa composition nocive. Mais l’interdiction est-elle totale ? Quels sont les produits visés ?

Pourquoi la peinture glycéro a-t-elle été interdite ?

La peinture glycéro, aussi appelée peinture glycérophtalique, est une peinture à base de solvants. Elle se distingue par une excellente tenue dans le temps, une finition lisse et tendue, et une résistance accrue à l’humidité, ce qui en faisait une solution privilégiée pour les pièces d’eau, les cuisines ou les boiseries. Pourtant, ces qualités techniques cachent une composition chimique problématique, en particulier la forte teneur en composés organiques volatils (COV).

Les COV sont des substances qui s’évaporent à température ambiante et polluent l’air intérieur. Ils sont nocifs pour la santé, provoquant des maux de tête, des irritations respiratoires et oculaires, et à long terme, certaines formes de cancer. Leur impact environnemental est également important puisqu’ils participent à la formation de l’ozone troposphérique, un polluant majeur.

Face à ces risques, des réglementations européennes ont été mises en place. Le règlement REACH et la directive européenne 2004/42/CE ont imposé des limites strictes sur la teneur en COV des peintures, vernis et produits assimilés. En conséquence, la vente des peintures glycéro classiques contenant un taux élevé de solvants a été interdite à partir de 2010.

Il ne s’agit donc pas d’une interdiction totale de toutes les peintures glycéro, mais d’une restriction réglementaire portant sur leur formulation. Aujourd’hui, seules les glycéros respectant ces nouvelles normes peuvent encore être commercialisées, mais elles sont beaucoup plus rares et souvent réservées à des usages spécifiques.

Quels sont les types de peinture glycéro concernés par l’interdiction ?

Toutes les peintures glycéro ne sont pas concernées de la même manière. L’interdiction dépend directement de leur teneur en COV, mesurée en grammes par litre. Voici quelques éléments concrets à retenir :

• Les peintures glycéro à usage grand public, qui contiennent une forte quantité de solvants, ont été retirées du marché. Ces produits dépassaient les seuils réglementaires autorisés, fixés autour de 300 g/L pour les peintures intérieures en phase solvant.
• Les peintures glycéro pour usage professionnel, si elles sont très faiblement chargées en COV, peuvent encore être utilisées sous certaines conditions. Leur usage est cependant limité et encadré.
• Certains fabricants ont reformulé leurs produits pour proposer des peintures glycéro « allégées en solvants » ou dites « hybrides ». Ces produits respectent les normes, mais ne possèdent pas les performances d’une glycéro traditionnelle.

Important à savoir : il est aujourd’hui illégal de vendre ou d’utiliser des peintures glycéro dépassant les seuils réglementaires. Cette mesure concerne aussi bien les magasins de bricolage que les professionnels du bâtiment. La traçabilité des produits et l’étiquetage sont strictement contrôlés.

Les contrevenants, qu’ils soient vendeurs ou utilisateurs, peuvent être sanctionnés par des amendes ou des retraits de produits.

Quelles sont les alternatives à la peinture glycérophtalique ?

La peinture acrylique : l’alternative la plus répandue

La peinture acrylique est aujourd’hui l’une des solutions les plus utilisées pour remplacer la peinture glycéro. Elle est formulée à base d’eau, ce qui lui permet d’avoir une teneur très faible en composés organiques volatils (COV). Cela réduit considérablement les émissions toxiques dans l’air intérieur, tout en rendant son utilisation plus agréable. Son odeur est beaucoup moins forte et elle ne nécessite pas d’équipement particulier pour l’application.

En plus de ses qualités sanitaires, la peinture acrylique est simple à poser. Elle sèche rapidement, ce qui permet d’enchaîner plusieurs couches dans la même journée. On la trouve dans de nombreuses finitions (mate, satinée, brillante) et elle peut être utilisée sur les murs, plafonds et même certains meubles ou boiseries avec un primaire adapté. Elle adhère bien sur des supports variés, à condition de respecter les règles de préparation.

La peinture alkyde : le bon compromis entre performance et respect des normes

La peinture alkyde est une alternative plus récente, qui mélange les qualités de la glycéro et de l’acrylique. Elle est formulée en phase aqueuse, donc avec très peu de solvants, mais son liant est synthétique. Cela lui permet de conserver des performances techniques élevées : excellente résistance, bonne durabilité et aspect tendu après application.

Ce type de peinture est particulièrement apprécié pour peindre des boiseries, des huisseries ou des surfaces très sollicitées. Elle offre une bonne accroche et une tenue supérieure à une acrylique standard. Son rendu lisse et uniforme est aussi très proche de celui d’une glycéro, ce qui plaît aux professionnels recherchant une finition haut de gamme.

Les peintures écologiques : pour une approche saine et durable

Les peintures écologiques sont conçues avec des matières premières naturelles comme l’huile de lin, la chaux, l’argile ou la caséine. Elles sont dépourvues de solvants issus de la pétrochimie et ont une émission de COV quasi nulle. Elles répondent à un véritable besoin de protection de la santé et de l’environnement, en particulier pour les personnes sensibles, les enfants ou les lieux de vie confinés.

Ces peintures sont de plus en plus présentes dans les rayons des magasins spécialisés. Elles séduisent les particuliers engagés dans une démarche écologique, mais aussi certains artisans qui souhaitent limiter leur exposition aux produits toxiques. Elles sont souvent certifiées par des labels environnementaux exigeants.